La violence sexuelle, la « cyberintimidation » et les médias sociaux

Comme outil, les médias sociaux offrent une portée sans précédent. Alors qu'ils peuvent être utilisés efficacement pour le travail de prévention de violence, ils peuvent également être utilisés pour la violence. Certains utilisent les médias sociaux pour le harcèlement sexuel en ligne, les menaces d'agression sexuelle, le partage de matériel intime sans consentement, l'enregistrement ou la diffusion d'images d'agressions sexuelles, le cyber-harcèlement, l'abus de rencontres numérique et pour leurrer des victimes de la traite sexuelle. (1)

Voici quelques suggestions pour vous aider avec vos articles sur les incidents où la violence sexuelle, l'Internet ou les médias sociaux :

Comprendre le contexte général

Examiner les normes qui façonneront votre reportage. Pensez à comment vous allez rendre compte de la complexité de l'histoire. En d'autres termes, qu'est-ce que la violence sexuelle signifie tant au niveau individuel qu'au niveau de la société plus largement ? Les attitudes sociales sur la violence sexuelle sont façonnées par une approche « deux poids, deux mesures » qui, souvent, discriminent selon le sexe, l'origine ethnique, la classe sociale, la présence ou non d'un handicap et l'orientation sexuelle, entre autres facteurs.

Utilisez les bons termes

➢ Pensez au-delà de la cyberintimidation Le harcèlement sexuel est une forme de violence sexuelle. Choisissez la terminologie dans votre reportage avec soin. Menez une réflexion critique sur les étiquettes. Le terme « cyberintimidation » est un terme large et imprécis qui masque souvent la complexité de la violence et de harcèlement. Il ne parvient pas à capturer la misogynie, le racisme, l'homophobie et/ou la transphobie qui sont souvent présents. Soyez aussi précis que possible dans le choix de vos étiquettes pour transmettre la nature de l'abus. Quelques exemples de mots spécifiques que vous pouvez utiliser pour expliquer le type de harcèlement :

  • harcèlement sexuel
  • humiliation sexuelle
  • racisme
  • homophobie

Traitez les victimes / survivants de respect

Demandez aux victimes/survivant-e-s comment elles/ils souhaitent être identifié-e-s dans votre histoire : nom, pseudonyme ou anonymat, et si elles/ils s'identifient en tant que victimes ou survivant-e-s. Demandez-leur quels les pronoms elles/ils utilisent (elle / il / iels)

➢ Voir « 9 Essential Tips for Interviewing Survivors » (9 conseils essentiels dans l'interview des survivant-e-s) dans dans Guide to Reporting Sexual Assault (Guide de reportage sur les agressions sexuelles) de Femifesto (2)

Évitez des termes qui jettent le doute sur les victimes tels « alléguer ».

Selon la loi, vous serez obligé d'utiliser des mots tels que « présumés » avant qu'un-e auteur-e soit reconnu-e coupable d'un crime. Cependant, le mot « présumé » est souvent galvaudé ou utilisé inutilement dans les bulletins de nouvelles ou les articles. Apprenez-en plus sur ce fait dans « Checklist When Reporting On Sexual Assault ». (Liste de suivi dans les reportages sur les agressions sexuelles) de Femifesto.(3).

Pour plus de conseils lire Le reportage sur les procès de la COCVFF.

Offrez une perspective équilibrée

Consultez une diversité de sources. Inclure les sources d'information qui peuvent parler de la façon dont la communauté peut ou doit répondre à la situation. Parlez-en à des experts qui peuvent faire la lumière sur ce que les communautés, les écoles et autres institutions peuvent faire pour prévenir la violence sexuelle. De potentiels experts à interroger :

  • Les intervenant-e-s dans la prévention de la violence sexuelle
  • Chercheur-e-s en violence sexuelle
  • Les psychologues qui conseillent les victimes/survivant-e-s de violence sexuelle

Choisissez vos mots avec soin

Utilisez la voix active plutôt que la voix passive. La voix passive ne permet pas d'identifier l’« acteur » dans l'histoire. Il est ambigu et a tendance à donner au crime un aspect clinique, plutôt que personnel. Au lieu de faire des déclarations telles que: « les photos de l'agression de la femme ont été diffusés » nous proposons « La femme a dit que les gens à l'école, les adolescents de la communauté et les membres de l'équipe de hockey ont partagé des photos de l'agression. »

Évitez de blâmer la victime.

Mettez l'emphase sur l'infraction plutôt que sur les actions des survivant-e-s. Ne pas faire des déclarations qui en quelque sorte jettent le blâme sur la victime pour ce qui lui est arrivé.

  • Par exemple, dans les cas de la distribution non-consensuelle de matériel intime, se demander pourquoi la photo a été partagée sans consentement, ou si la contrainte a été utilisée pour obtenir la photo.
  • Par exemple, sous-entendre que quelqu'un ouvertement allosexuel ou trans partage la responsabilité pour son agression, ou que l'agression était justifiée à cause d'une approche romantique ou sexuelle non désirée, encourage la discrimination et peut biaiser les enquêtes criminelles ou juridiques. (4)

Traiter les jeunes équitablement.

Évitez d'utiliser des cas de violence sexuelle impliquant des médias sociaux comme une opportunité de stéréotyper les jeunes et leurs cultures. Les jeunes sont membres d'un groupe démographique diversifié avec des expériences de vie très différentes. Ils utilisent les médias sociaux d'une variété de façons. Beaucoup de jeunes ouvrent la voie en matière de prévention de la violence sexuelle dans la société.

Cherchons à éduquer

Utilisez le reportage comme une occasion d'informer. Au lieu de suggérer qu'un tort n'a pas été commis parce que la violence ne comportait pas de contact physique, soulignez que la violence et les abus sont autant émotionnels, psychologiques et verbaux, que physiques. Rechercher des avis d'expert-e-s sur les effets néfastes de ces formes de violence.

  • Suggérez des services de suivi. À la fin du reportage, incluez-les coordonnées d'une ligne de soutien local et/ou un site web pour une agence de soutien locale. Informez votre public sur où chercher un soutien si elles/eux-mêmes, ou une personne de leur entourage subissent la violence.
  • Insistez sur le fait que l'Internet / les médias sociaux sont un outil et non une cause de violence sexuelle. La violence et les abus sexuels qui se servent des médias sociaux restent la violence et l'abus. Évitez de mettre la technologie au centre de votre histoire en utilisant des termes comme « suicide lié au sextage » ou « les médias sociaux ont causé le harcèlement ». Au lieu de cela, mettez la violence et les abus au centre de votre reportage.
  • Par exemple, au lieu d'utiliser des termes tels que « harcèlement Twitter » dites : « Un certain nombre de personnes ont utilisé Twitter à répétition pour menacer d'agresser femme sexuellement. »
  • Essayez de ne pas rester captif des généralisations sur la technologie et les médias sociaux (par exemple, bon / mauvais ou noir / blanc). Au lieu de cela, essayez de décrire des fonctions et/ou technologies spécifiques de médias sociaux qui peuvent exacerber l'impact négatif sur les victimes de violence. Il s'agit notamment :
    • Anonymat
    • Vitesse de la distribution
    • Portée de la distribution

Rappelez-vous que ce sont ces mêmes caractéristiques (par exemple, accessibilité ; anonymat) qui permettent aux survivant-e-s et aux victimes de chercher du soutien et des services.




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Notes

  • 1) Bluett Boyd, N., et al. (2013); Fairbairn, J., et al. (2013).
  • 2) Femifesto (2013a), p. 13.
  • 3) Femifesto (2013b), p. 11.
  • 4) GLAAD. (2010).

Travaux cités et consultés